samedi 28 février 2015

[Chronique] Gradur - L'Homme au Bob





Exercice compliqué ici puisque j'ai décidé pour la première fois de chroniquer un album. Et pas n'importe lequel, celui de Gradur.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, il est nécessaire de clarifier les raisons pour lesquelles j'ai choisi cet album en particulier. Je trouve que Gradur représente fidèlement la trap music sudiste d'Atlanta. Le courant de la trap à pris de l'ampleur en France notamment grâce à Therapy qui depuis quelques années nous ponds des instrus souvent similaires et c'est aujourd'hui peut surprenant d'en entendre sur les projets de nos chers rappeurs français. De plus, le parcours de Gradur offre de nombreux points intéressant à étudier.



Gradur est un gars intelligent





Au regard de son court parcours, Gradur à réussi beaucoup de choses avec brio. Si, certes, il dit en interview qu'il ne rappe pas sérieusement depuis très longtemps, à l'écoute de ses sons et de l'album, on devine que c'est un grand auditeur de rap US. Et cela se ressent, L'atmosphère propre à la Dirty sourth est respectée, on sent que l'ancien militaire sait ce qu'il fait.

Et ce qu'il fait, il le fait intelligemment. Se lancer dans une série de freestyle, certes non masterisés, mais diffusés hebdomadairement lui à facilement permis de rassembler une certaine communauté autour de lui. Il faut également noté qu'à partir de son deuxième freestyle remix de LMLVSB de Booba ce dernier l'a partagé, ce qui à vraiment confirmé le potentiel commercial du projet musical de Gradur (73 millions de vues sur Youtube, des freestyles à 10 millions, c'est peu courant dans le rap français). Signé chez Universal peu après, il fera disque d'or en 3 jours avec son premier album.


Une écriture particulière

La plupart des contradicteurs de Gradur (et de la trap en générale) accusent une écriture souvent négligé voir faible, des prods redondantes et un flow partagé par 20 mecs. Et ces gens là n'ont pas totalement tort, mais ne font pas non plus l'effort d'essayer de se contredire. En écoutant l'album de Gradur, je n'ai trouvé aucune ressemblance frappante avec l'album de Kaaris, par exemple. Cependant d'autres en trouves, Gradur en est conscient puisqu'il leur répond dans le son "confession" :

"tout ces pd me comparent à kaaris ils savent pas différencier le trap"

Selon lui, le problème vient de la méconnaissance du genre pour ceux qui critique. Une idée pertinente puisqu'en s'attardant sur la scène trap d'Atlanta les mêmes schémas existent, de la ressemblance des instrus aux flows qui se comptent sur une main.

Personnellement, je trouve l'Homme au Bob plutôt original quant à la concurrence. L'écriture de Gradur est particulière quand on s'attarde sur sa simplicité (simplicité déja démontré par la série de freestyle, concept simple mais efficace c.f. : la sexion d'assault, l'animalerie..).

Les phrases sont construites à l'instinct et l'abondance de conjonction et autres pronoms personnels les rendent souvent très très longues. Par simplicité, j'entend que Gradur écrit comme il parle, et décris des choses simples de sa vie quotidienne. La métaphore est largement moins présentes que dans l'écriture de Kaaris, Dosseh, Lacrim, Niro, Joke etc.. Ce qui apporte de nouvelles choses, une dimension particulière à sa musique.

D'ailleurs en Interview, il souligne le fait qu'il écrit avant tout pour ses potes, pour ceux qui se reconnaîtront dans les divers événements raconté par l'homme au bob. Au fond, il rappe comme il parle, et ce, sur des instrus qui font 70% de la force des morceaux.


"j'écris mes textes aux toilettes, c'est mieux pour rapper de la merde, mais bon ça me fait rapporter 3 fois plus que le salaire du maire, alors j'en donne à ma mère, ça lui fait oublier que je suis vulgaire"


Cette phase extraite du morceau "Calibre" répondra directement à ceux qui reprochent au genre d'effacer la pertinence des textes et s'enliser toujours plus dans la vulgarité, l’obscénité. Même si l'avouer ne permet de se dédouaner de la faiblesse de certains passages, Cette phase donne une dimension plus humaine au morceau et à l'album puisqu’elle s'adresse directement aux contradicteurs en leurs confrontant le projet musical de Gradur, les choix qu'il a fait et sa vision des choses, Cette phase se lit plus comme un contre-argument qu'autres choses, l'aspect humain amène le vécu de Gradur au coeur du texte et rend la critique objective plus compliquée.



Je n'ai pas apprécier écouter cet album. Les freestyles non plust. Je trouve ses flows souvent maladroit et sa façon de crier lorsqu'il est hors tempo me gêne dans l'écoute. Son écriture est plutôt faible, les anaphores et redondances omniprésentes à travers les 17 pistes de l'albums rendent le tout assez dense, indigeste. Indigeste, oui, parce que ces 17 tracks sont pour la majorité construites suivant la même structure.

Cette incapacité à renouveler le style traduit,une certaine candeur dans la réalisation du projet. C'est à dire qu'après l'écoute des 5 premiers morceaux on commence à ressentir le moule, la structure de l'album et de tout ses morceaux, et ce n'est ici pas de l'ordre de la simplicité, mais probablement de l’inexpérience. Je ne reviendrai pas sur les feats qui ne sont pas surprenant, à noter quand même la présence de Migos et Chief Keef, respectivement signé chez Warner et une fililale d'Universal.

En somme, je pense que Gradur à sût saisir l'atmosphère du moment, et d'en profiter. Son succès n'est pas le fruit du hasard, sa stratégie à été payante, On peut penser que le type de public peut expliquer le succès d'un projet aussi bancal, en effet de nombreux enfants et adolescents écoutent Gradur, et ceux-ci sont ceux qui achètent (disques et T-Shirt). On pourra également parler d'un effet de mode, c'est possible, mais il est encore trop tôt pour l'affirmer.

A défaut de fournir un projet solide, le détenteur d'un BTS management des unités commerciales donne une belle démonstration de marketing et de communication.

Merci de votre lecture, n'hésitez pas à réagir, partager, etc..





1 commentaire:

  1. Hello,
    Pour moi, Gradur, c’est le rappeur du moment. Son album L’Homme au bob fait un vrai carton. Je me suis procuré plusieurs de ses chansons en sonneries mobiles sur http://m.mplay3.fr/ dernièrement et je dois admettre que j’adore son style. Merci encore pour ce partage. À la prochaine et bonne journée.

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