mercredi 30 octobre 2013

Comment le hip-hop et internet sont devenus indissociables

http://pascal27sevran.tumblr.com/, le tumblr qui mélange Pascal Sevran et Kaaris



« Face aux médias, quand un artiste vend un million d’albums, c’est un grand artiste. Quand un rappeur vend un million d’albums, il reste un rappeur » - Akhenaton 



En 1991 sur le plateau de Ciel Mon Mardi, Shuriken expliquait que les morceaux de rap diffusés à la radio propageaient une fausse idée du rap, que celui-ci était bien plus qu’une mode mais un art de vivre. Un invité, le Dr Bezold, se permet alors de dire que le rap et plus largement le hip hop ne tiendrait pas 10 ans, et tout ça devant entre autres IAM, MC Solaar ou encore Lionel D. Il n’avait pas totalement tort : si Internet n’avait jamais été inventé, le rap serait probablement mort, ou très affaibli.

En effet, le rap et le mouvement hip hop en général n’existait médiatiquement qu’à travers l’exposition qu’on lui accordait. H.I.P H.O.P sur TF1 en 1984, Rapline avec Olivier Cachin en 1993. En 1996, Skyrock opère un remaniement qui engendrera ce que certain qualifieront de récupération des musiques urbaines. Récupération, peut-être, mais le marché est la base du fonctionnement de toutes cultures, et cette année là, Doc Gynéco vendait 800 000 albums… Ainsi en 1998 Busta Flex sera le premier invité de planète rap et bénéficiera comme de nombreux artistes après lui d’une semaine pour faire la promo de son projet.

La culture de l’underground et de l’indépendance est très forte dans le mouvement hip hop. Les mixtapes de Cut Killer en sont la preuve. Avec ses cassettes, ils surpassaient en pertinence et en qualité tout les médias concernés de l’époque. Cela dit, sans signature il restait difficile de diffuser son art au plus grand public, et même Lunatic qui fût le premier groupe indépendant à obtenir un disque d’or (100 000 albums, à l’époque) n’aura peut-être pas eu ce succès sans Warner en tant qu’éditeur. 


Ceci étant dit, pourquoi n’à t’on pas plus de groupes ou artistes indépendants détenteur de disque d’or à l’heure d’internet et de l’auto-promo ?


Les opportunités pour les artistes Peut-être parce que le rap s’est essoufflé, les médias s’étonnent de voir Stromaé vendre 80.000 albums quand Doc Gynéco en vendait 800.000 en 1995. Mais en 1995 il n’y avait pas internet, et je pense que depuis qu’il existe un débit assez intéressant pour télécharger un album en 30 minutes le nombre de disque d’or officieux, voir de platine a explosé dans le rap français.

Sur internet, le rap existe désormais plus par son dynamisme et sa communauté que par ses ventes. Certes le téléchargement illégal ne rapporte pas aux artistes. Mais à partir de là s’est développé un esprit propre à l’indépendance appelé l’achat de soutien qui mise sur l’honnêteté du public et de son respect à l’artiste. Ce soutien est alimenté à travers les réseaux sociaux et l’artiste l’entretien en sortant des projets gratuits de temps en temps ou encore des freestyles (freestyles de qualité qu’on ne retrouve guère plus que chez les indés).

Il est plus aisé de contacter et découvrir d’autres artistes, rappeur, beatmaker, réalisateur de clip.. Et c’est précisément ici que le hip-hop passe en mode super Saiyan. Avec le soutien du public ! J’ai du mal à soutenir un gars qui répète être millionnaire, mais je peux soutenir des artistes comme Demi-Portion, dont j’ai constaté l’évolution à travers ses projets, ou l’ambitieux et très réussi compilation du Gouffre, Marche arrière.

La promotion par Youtube est devenu une clef de voute d’un artiste aujourd’hui, la rémunération est assez faible mais d’autres plateformes plus intéressantes existent, telles que Spotify qui propose un service payant mais offre une rémunération plus intéressantes aux artistes (4€ pour 10 000 écoutes sur Youtube contre 68€ pour Spotify, source). De plus, des plateformes comme Itunes sur lesquels il était difficile de mettre un projet en ventes sans label sont désormais accessible aux indépendants grâce à youtube ou myspace.
Et vendre son projet sur Itunes, c’est le mettre directement à disposition du public sans avoir à presser des CD, comme le fait par exemple Mac Tyer pour son dernier projet.


http://degau2le.tumblr.com/ , le tumblr qui réunit Booba
et Charles de Gaulle
Bien sur, il ne s’agit pas que de vendre et de rentabiliser son art. Sans internet il m’aurait été difficile de découvrir des discographies que je juge désormais indispensable d'écouter pour tout amateurs de rap français (Solaar, Rocé, Fabe, Akhenaton…). Une fois ces discographie en tête, il est plus aisé de comprendre que le rap sans internet ne se limite qu’à celui qui est médiatisé et ses artistes promouvant une musique de club lyricalement très pauvre ne sont qu’une minorité dans le rap français en général. Par Internet le hip-hop peut être présenté non pas comme un énième produit de consommation mais comme une culture pluridisciplinaire rassemblant des passionnés sur des sites spécialisés ou sur les réseaux sociaux.

 

Ces réseaux sociaux ont impactés jusqu'à l'écriture, on retrouve assez fréquemment des phases "twitter", et même un son entier de Demi-Portion basé sur le hashtag. Ceci avec un refrain inspiré de Fabe. Beaucoup de codes culturels propres à Internet furent assimilés par le mouvement hip-hop, ce qui à, par exemple engendré des pages humoristiques comme les Haterz (et le fameux dégénérappeur) ou des parodies du rap game.

Toujours dans l'outil social, il y à cette idée de génie qu’est le site plug.dj. Assez méconnu et surtout fréquenté par des passionnés d’électro, ce site est à mon sens la preuve qu’internet recèle d’idée novatrices prometteuses pour le hip-hop. Le principe du site est le suivant : sous des airs un peu enfantin, avec de petits personnages bizarres se cache un repère de passionné. Chacun peux créer une salle, nommer celle-ci puis définir quel style musical y sera joué. Une fois ceci-fait, d’autres utilisateurs pourront la rejoindre. Une fois dans la salle, chaque personne peut, chacun son tour, passer du son. Chaque son est soumis à une approbation de tous, de façon à filtrer le mauvais du bon son. On peut y créer une playlist à partir de sons présents sur youtube, soundcloud ou sur son ordinateur. Pourquoi est-ce intéressant ? Parce que ne sont présent sur ce site que des passionnés de partout dans le monde, qui découvre et font découvrir leurs horizons rapologique. La salle hip-hop est à l’adresse suivante http://plug.dj/theboombox/

Intéressant pour les artistes autant que pour les auditeurs, internet à permis selon moi une deuxième jeunesse du hip hop français. La popularisation des smartphones permet également un de faire émerger de nouvelles idées, le s-crew ayant à l’occasion de la sortie de SeineZoo de sortir une application en parallèle, ou encore Jay Z qui était déjà disque de platine une semaine après la sortie de son dernier album grâce à un partenariat avec Samsung. On se plaint souvent de ne pas voir beaucoup de rappeurs à la télé, mais ne vaut il pas mieux ne pas faire de compromis et se contenter d’internet ? Gardons en tête que c’est les rap contenders (45 millions de vues) qui ont véritablement donner une visibilité à l’entourage, 1995 ou d’autres.


Une tournée avant de sortir l'album, un concert au bataclan à guiché fermé. 1995 est sûrement le groupe de rap qui s'est fait connaître le plus rapidement, et ce grâce à Internet.





Rejoignez nous !     https://www.facebook.com/Phase2rap
                               https://twitter.com/LeMecQuiPense



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire